Les Amis des Bois de Buysdelle et de Verrewinkel

Article : Le bois de Buysdelle et son classement

par Jean M. PIERRARD, président du Cercle d'Histoire d'Archéologie et de Folklore d'Uccle

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La vallée du Verrewinkelbeek, ruisseau qui forme une partie de la limite entre Uccle et Linkebeek, présente un versant sud (situé sur Linkebeek) ayant une pente modérée et couvert de champs et de pâtures. Par contre le versant ucclois est lui particulièrement abrupt. Celui-ci est sans conteste, aujourd'hui encore, une des zones les plus pittoresques de notre commune et en particulier la partie située au Sud de l'avenue des Hospices.

Cette zone est parcourue par plusieurs sentiers piétonniers notamment le chemin du Moulin Rose, un chemin dénommé sur certains plans "chemin des Hospices" (jadis "Hospice weg"), et un tronçon de la rue de Percke. On y trouve encore l'avenue Buysdelle très étroite sur une partie de son parcours et l'avenue Chantemerle qui constitue l'axe d'un lotissement récent.

 

La grande roue du Moulin Rose
La grande roue du Moulin Rose

 

Le secteur comporte un ancien moulin dénommé le "Moulin Rose" dont la grande roue est toujours visible, la ferme Saint-Éloi et ses abords, le vieux village de Verrewinkel et une importante zone boisée. On y voit encore deux pièces d'eau, l'une qui servait de réserve au Moulin Rose et l'autre qui est la mare de la Ferme Saint-Éloi.
Les peintres du début de ce siècle furent nombreux à représenter la ferme Saint-Éloi et aussi sa mare entourée de vieux saules. Par ailleurs dans un recueil de poèmes dénommé "Le hameau vert", Prosper Roidot nous a laissé sous le titre "La ferme douce" un texte consacré à cette ferme et dont nous on nous permettra d'extraire les strophes suivantes :

 

La ferme douce elle est là-bas
Parmi les hauts sapins et les vergers d'automne
Que les glorieux étés, amis des paysans
Ont fleuris de soleil, ensemencés de pommes.

Elle est près de la mare où les troupeaux paisibles,
Chaque matin, vont boire à larges traits bruyants
Tandis que le brouillard remonte les talus,
Vers l'horizon, planté de noires sapinières.

 

Champs à proximité du bois de Buysdelle
Tôt le matin, dans les champs à proximité du bois de Buysdelle

 

Les pouvoirs publics se devaient d'assurer la conservation de tels joyaux. La Ferme Saint-Eloi a été classée en 1971 ainsi que ses abords. En 1979 le plan de secteur (repris à cet égard par le PRAS) a placé en zone verte ou à tout le moins en zone d'intérêt culturel, historique et/ou esthétique une grande partie de cette zone. Par ailleurs un arrêté du 12 février 1998 a classé le bois de Buysdelle.

Ce bois s'étend des deux côtés de l'avenue du même nom entre les jardins du village de Venewinkel et les abords de la ferme Saint-Éloi. Il provient d'un démembrement d'un bois plus important qui dépendait jadis de cette ferme. Celle-ci fut vendue en 1504 avec 52 bonniers de terres et de prairies et 5 1/2 bonniers de bois (1 bonnier de Linkebeek = 91 ares 38 centiares) à la confrérie bruxelloise Saint-Eloy, qui était une association de secours mutuels couvrant diverses corporations bruxelloises : forgerons, orfèvres, selliers, peintres, couteliers, boulangers. Lors de la Révolution française cette confrérie fut dissoute et ses biens furent transférés aux Hospices de Bruxelles. Ceux-ci vendirent la ferme en 1893, mais conservèrent les bois qui appartiennent aujourd'hui au C.P.A.S. de Bruxelles.

 

La ferme St-Éloi
La ferme St-Éloi en bordure du bois de Buysdelle

 

Le bois de Buysdelle est traversé en diagonale du Nord-Est au Sud-Ouest par un vallon coupé par l'avenue Buysdelle. Ce vallon est couvert en grosse partie par une hêtraie qui conserve encore des hêtres majestueux quoiqu'elle ait subi de sérieux éclaircissages dus aux tempêtes de 1991 et aux abattages ultérieurs. Au Sud se dressent également quelques très beaux chênes dont un exemplaire d'environ 4,40m de circonférence.

Le restant du bois est surtout couvert de mélèzes. À sa lisière orientale où il se rapproche de la ferme Saint Eloi se présente encore une végétation intéressante où l'on retrouve par exemple la pervenche ainsi que la germandrée, parfois dénommée "houblonette" à cause de l'odeur de houblon qu'elle dégage lorsqu'on la froisse. Si l'on remonte la rive du ruisseau, en suivant toujours le chemin des Hospices on y rencontrera deux sources dont les eaux s'en vont immédiatement grossir le cours d'eau. Le gouet tacheté abonde dans ce coin.

 

Dans nos bois

 

Chacun se réjouira dès lors du classement de ce bois qui renforce sans aucun doute la protection de cette zone exceptionnelle. Il resterait encore à mieux assurer la protection du vieux village de Verrewinkel par le moyen d'un plan particulier d'affectation du sol (P.P.A.S.) ainsi que le prévoit d'ailleurs le projet de plan communal de développement qui a été soumis au public.

Jean M. Pierrard
(1998)